Souvenirs d'occupation à l'Hautil

La commémoration des 60 ans de la libération en France a souvent mis sur la scène les évènements de la libération survenus en Normandie ou bien à Paris. Pourtant ces moments troubles de l’histoire secouèrent aussi les villes de la cinquième boucle de Seine et celles du confluent entre Seine et Oise. De même, si bucolique que puisse paraître notre massif , il n’en a pas moins été le cadre de faits de guerre et ses habitants d’alors y ont vécus des journées sombres et des journées de liesse.

Pour célébrer cet anniversaire et afin de mieux faire connaître les faits survenus à l’Hautil et dans ses environs sur la période 1940-1944, nous publions trois récits évoquant l’occupation et la libération.

Souvenirs d’occupation et de libération à l’Hautil présentés par Henri Schweisguth

Le document de première main dont nous avons extraits l’essentiel de ce dossier est le livre du Général Henri Schweisguth  « Souvenirs d’occupation et de libération à l’Hautil ».

Le général Victor-Henri Schweisguth (1878-1949) participa à la Première Guerre mondiale comme commandant du 15e bataillon de chasseurs à pied. Il devint en 1935 sous-chef d'état-major de l'armée. A ce titre, il effectua de nombreuses missions à l'étranger : en Roumanie (octobre 1935), en Tchécoslovaquie (août 1936), en U.R.S.S. (septembre 1936) et à plusieurs reprises en Suisse, en Grande-Bretagne et en Italie (1935-1937). Enfin, il commanda la 8ème région militaire de 1937 à 1940. Henri Schweisguth était marié à Hélène-Adèle Roy dont la famille fit construire la Barbannerie. Le récit, rédigé en 1949, évoque les souvenirs d’occupation à la Barbannerie et à l’Hautil, la vie quotidienne de ses habitants, leurs contacts avec l’occupant et bien sûr la libération. Nous remercions vivement la famille Schweisguth de nous avoir autorisé à publier ces pages.

Juin 1940, ordre du 11ème régiment de tirailleurs algériens : tenir le massif des hauteurs de l’Hautil

Face aux Allemands la 7ème armée bat en retraite en raison de la destruction des points sur l’Oise qui ont lieu. Sur le terrain la ligne de défense recule petit à petit vers le Sud. Les fantassins ennemis repèrent constamment sa position et provoquent des contacts avec les soldats des 3ème zouaves et 11ème régiment de tirailleurs algériens qui la tiennent dans la région avec d’autres unités de la 85ème DINA commandée par le général Normand.

Le récit qui suit relate la mission du colonel Doucet, commandant le 11ème régiment de tirailleurs algériens (RTA) qui est d’interdire l’accès à la boucle de la Seine au nord de Poissy. Ordre général no 11 : « tenir le massif des hauteurs de l’Hautil, la défense étant épaulée par des éléments de mitrailleuses de Poissy, portés aux lisières nord-est de la forêt de Verneuil ». La ligne de front défensif, dont le PC est installé à Chanteloup, sera très longue de Vauréal à Evecquemont :le 1er bataillon se place à Vauréal-Courdimanche, le 2ème bataillon entre Boisemont-Menucourt (capitaine Capela et capitaine Louvrier), le 3ème bataillon à Evecquemont-Vaux (Commandant Mercadier).


Extrait de « Une île entre la Seine et Vaux », Jean-Fred Prost

Aout 1944, évacuation des habitants dans les Carrières

Les 26 et 27 août 1944, les Triellois sont obligés par les Allemands de se regrouper dans les Carrières souterraines. Il y avait longtemps que le Conseil Municipal avait choisi comme refuge la Bérangère qui avait été équipée d’un éclairage électrique avec un groupe électrogène. Un certain nombre de Triellois venaient se mettre à l’abri dans les carrières toutes les nuits depuis un certain temps, et après l’évacuation de la ville, il y avait environ 500 personnes dans la carrière de Puisefontaine, et de l’ordre de 3500 personnes dans la Bérangère.

Le récit de cet épisode a été écrit par une jeune Trielloise en août 1944 et publié dans le journal américain en langue française « Le Travailleur » de Worcester (Massachusetts) U.S.A. le 12 juillet 1945.

Extrait de « TRIEL-SUR-SEINE 1939 A 1945 : VIE ET SOUFFRANCES LOCALES »
Pierre GRAND – A.DIFF Editions